En 2024, 437 000 agents contractuels de la fonction publique n’ont pas réclamé leur pension complémentaire, souvent en raison de montants jugés trop faibles ou d’un manque total d’information.

Ces agents ont cotisé pour une retraite qu’ils ne perçoivent pas. Selon une étude de la Caisse des dépôts publiée le 10 mars, 27,5% des agents non-titulaires de l’État et des collectivités publiques affiliés à l’Ircantec (Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires) n’ont pas fait valoir leurs droits à la retraite. Sur les 1,59 million d’affiliés au régime, 437 000 laissent leur pension complémentaire dormir, sans en profiter. Un chiffre préoccupant, d’autant plus que ce taux de non-recours est « bien plus élevé que dans d’autres régimes de retraite », souligne l’organisme public.

Contrairement aux fonctionnaires titulaires, qui bénéficient d’un régime spécifique de retraite, les agents non titulaires de la fonction publique – comme les contractuels, vacataires ou auxiliaires – cotisent à l’Ircantec. Le problème est que beaucoup d’entre eux n’y restent que quelques années avant de basculer dans d’autres régimes, comme l’Agirc-Arrco ou la CNRACL (régime de retraite de la fonction territoriale). Cette courte période de cotisation entraîne logiquement des pensions très faibles : en moyenne, ces droits non réclamés équivalent à 230 euros brut par an, soit à peine 20 euros par mois. Pas étonnant que certains affiliés se découragent à entamer des démarches administratives pour liquider leurs droits.

En revanche, les nouvelles générations parties à la retraite en 2023 ont généralement cotisé plus longtemps, jusqu’à « 40 ans en moyenne ». Elles perçoivent ainsi des pensions complémentaires plus élevées, de 810 euros brut par an en moyenne. Le taux de non-recours de ces pensions devrait encore diminuer dans les prochaines années.

Si certains jugent leur pension trop faible pour s’embêter avec l’administratif, d’autres ignorent tout simplement qu’ils y ont droit. Un vrai problème structurel pointé du doigt par la Caisse des dépôts : « Le taux de non-recours est particulièrement élevé chez les assurés ayant peu de droits dans le régime ou n’ayant plus cotisé après l’âge de 30 ans. » Mais bonne nouvelle : ce non-recours recule avec le temps.

Près d’un affilié de la génération 1940 sur deux (46,8%) n’avait pas liquidé ses droits en juillet 2024, contre seulement un quart (26,1%) de ceux de la génération 1954, souligne le rapport. Depuis 2019, tout est beaucoup plus simple pour les retraités : une seule demande en ligne suffit pour toucher l’ensemble de leurs pensions, de base et complémentaire. Cette « réduction du taux de non-recours au fil des générations pourrait se poursuivre dans les années à venir », prédit la Caisse des dépôts.

Pour pousser les plus anciens à réclamer leur dû, l’Union retraite – qui chapeaute les organismes de retraite obligatoire, de base et complémentaire – a envoyé quelque 70 000 courriers de rappel aux affiliés des générations 1945 à 1948 entre mars 2022 et janvier 2024. Pari réussi : plus d’un quart (25,7%) des destinataires ont réclamé leur pension auprès de l’Ircantec. De quoi « probablement diminuer le taux de non-recours de ces générations de 2 à 5 points », estime la Caisse des Dépôts.

L’opération étant un succès, chaque année, trois nouvelles générations seront ciblées. Objectif : récupérer progressivement toutes les pensions oubliées des 70-79 ans. Et il y a du travail ! Pas moins de 1,15 million de pensions dormaient encore dans les caisses de l’Ircantec en juillet 2024.