Les négociations sur la réforme des retraites se poursuivent chaque jeudi, et les représentants des salariés rejettent l’idée de repousser l’âge de départ à la retraite pour financer les dépenses de défense, comme le propose Emmanuel Macron. En réponse à la question du financement de l’effort de guerre face au désengagement des États-Unis en Ukraine, le gouvernement français cherche à lever des milliards d’euros pour soutenir ses dépenses militaires. Ce débat sur l’économie de guerre entre en conflit avec les discussions sur les retraites, qui rassemblent chaque semaine syndicats et employeurs. Dans une publication de la revue Telos, Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), remet en question la pertinence de ces débats dans un contexte d’augmentation des investissements militaires. Selon lui, face à l’effort de guerre, les discussions sur l’âge légal de départ à la retraite semblent futiles. Il invite les syndicats et le patronat à prendre en compte la gravité de la situation internationale et militaire dans leurs discussions. Cependant, l’ordre du jour des négociations sur les retraites reste inchangé, avec, cette semaine, des débats sur l’âge et la durée de cotisation. Pour Gilbert Cette, ces discussions apparaissent déconnectées de l’effort de guerre exigé par le gouvernement. Il affirme que « l’entrée dans une économie de guerre rendra secondaires, voire dérisoires, les débats actuels sur l’âge de départ à la retraite » et propose de s’interroger sur la possibilité de dépasser les 64 ans. Cette idée séduit le Medef, dont le président, Patrick Martin, milite pour un nouvel allongement de l’âge de départ à la retraite afin d’adapter l’économie aux exigences du réarmement de la France.
Les syndicats s’opposent fermement à cette vision. Ils dénoncent la volonté de sacrifier les droits sociaux et le financement des retraites au nom de l’effort de guerre. La réaction de Gilbert Cette suscite l’indignation de la CGT. Son négociateur, Denis Gravouil, déclare : « Il y a toujours une bonne raison pour repousser l’âge de départ. C’est scandaleux, non seulement de remettre en cause la concertation, mais aussi de défendre une nouvelle réforme des retraites sous prétexte d’effort de guerre. » La CFDT partage cet avis, accusant Gilbert Cette de sortir de sa neutralité. Sur RTL, sa secrétaire générale, Marylise Léon, refuse d’opposer défense et social. Elle plaide plutôt pour l’ouverture d’une conférence sur les finances publiques afin de discuter ensemble des solutions de financement pour l’effort de guerre. D’autant que les représentants des salariés ont déjà des propositions. « Pourquoi faire porter cet effort de guerre par une seule catégorie de la population, les actifs ? », s’interroge Cyril Chabanier, leader de la CFTC. « On ne parle pas d’un effort équitable et partagé. Quid de l’effort de l’État dans une meilleure gestion des finances publiques ? Quid de l’effort des entreprises ? » De son côté, la CFE-CGC estime qu’il est essentiel de renforcer la souveraineté de la France dans l’industrie de défense, en formant notamment les jeunes aux métiers des secteurs métallurgique ou nucléaire. Christelle Thieffinne, sa représentante au conclave, souligne : « Nous aurons besoin de salariés qualifiés et de chercheurs. »